Parmi les peuples iroquois, les danses sociales font partie intégrante de la vie de chaque communauté. Ces danses sont parfois organisées sans autre prétention que de rassembler la communauté. À d’autres occasions, les danses sociales animent de grands festivals religieux, comme ceux consacrés au sirop d’érable ou maïs vert, ou le festival le plus important du calendrier iroquois : le festival de mi-hiver. (Speck, 1949/1995.) La plupart des activités se déroulent dans la longue maison. Le peuple iroquois s’appelle lui-même « Haudenosaunee », qui signifie « Peuple de la longue maison ». (Davis, 1999.) Cette photo montre une longue maison complète à l’arrière-plan, ainsi que le cadre d’une autre longue maison comportant trois foyers, au premier plan. Ces longues maisons sont typiques de beaucoup de celles que j’ai (Rohahes) visitées au fil des ans. Les hommes s’assoient d’un côté et les femmes de l’autre. Des deux côtés, les gens se subdivisent selon leur clan. Les Mohawks comptent trois clans : les Ours, les Tortues et les Loups.
Lors d’un événement social, le chanteur principal et joueur de tambour à eau et plusieurs joueurs de hochet s’assoient au centre, sur deux bancs se faisant face. La danse se déroule dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, autour des bancs. Lors de tels événements sociaux, les gens utilisent des instruments comme un tambour à eau (utilisé par le chanteur principal) et de nombreux hochets. Les hochets sont généralement laissés sur les bancs entre les danses et les chansons. Les hommes ou les garçons sont autorisés à ramasser un hochet et à participer à la création musicale. Le tambour à eau est également laissé sur un banc. Généralement, le chanteur principal ou une autre personne qui connaît les chansons utilise le tambour à eau.
Ces dernières années, les jeunes femmes se sont mises à jouer les rôles de chanteuses et de joueuses de hochets. Un groupe formé uniquement de filles, Sweetgrass Singers, a enregistré de très belles danses sociales à Kahnawake en 1997. Parmi les différentes danses, on peut citer la « danse ronde », la « danse du Vieux Mocassin » et la « danse du Lapin ». La danse de l’Alligator, pour sa part, met en évidence les effets du contact interculturel entre les Iroquois et certains groupes du sud des États-Unis.
Il se peut que le peuple séminole de la Floride, qui connaît bien les alligators, ait donné cette danse au peuple iroquois. Dans la danse de l’Alligator, des couples tournent autour de la salle au rythme imposé par des chanteurs. À un certain moment entre les couplets, les chanteurs entonnent un refrain (yo-ho, hee-eh) qu’ils répètent plusieurs fois. Ce refrain invite les couples à tourner rapidement pour représenter les retournements et la lutte de deux alligators.
La différence entre la « danse ronde » de la culture iroquoise et la « danse ronde » du sud de l’Alberta (décrite plus tôt) est intéressante. Dans la version iroquoise, les danseurs changent de direction en fonction des modifications des effets vocaux et du motif exécuté au tambour. En Alberta, les danseurs se déplacent toujours vers la gauche, dans le sens des aiguilles d’une montre.
Une danse fait particulièrement les délices de tout le monde : la danse du Défi. Je veux dire « presque tout le monde », parce que ce sont généralement les jeunes hommes et les garçons qui exécutent cette danse. Quelqu’un pose une plume sur le sol et la personne « défiée » doit la ramasser avec ses dents. Il est interdit d’utiliser les mains! C’est un jeu pour les jeunes hommes du groupe. La personne mise au défi a ainsi l’occasion de montrer sa flexibilité pour le plus grand plaisir des spectateurs, en particulier les filles célibataires. Lorsque l’homme récupère la plume, il exécute une brève danse de victoire autour de la longue maison. Il a ensuite le privilège de passer la plume à un autre homme qui doit la déposer à terre et tenter de la récupérer en utilisant uniquement ses dents. Si le défi semble trop facile pour quelqu’un, il arrive souvent qu’un jeune garçon vienne souffler sur la plume au moment où le joueur s’apprête à la récupérer, question de lui compliquer la tâche.