En 1902, Franz Boas, conservateur au département d’ethnologie au musée américain d’histoire naturelle (American Museum of Natural History) a envoyé Clark Wissler se renseigner sur le terrain auprès des peuples des Plaines. Clark Wissler (1870-1947) a recueilli des histoires, des mythes et des légendes au Montana et au Canada dans le cadre d’entretiens avec des Péigans, des Kainahs (Blood) et des Siksikas (Niitsítapis du Nord), également connus sous le nom de confédération des Pieds-Noirs. De nombreuses histoires tirées de la publication de Wissler parue en 1908 ont été traduites par David Charles Duvall, également nommé Tanatski (Beau-Visage) (1877-1911). David Charles Duvall était le fils d’un Canadien français nommé Charles Duvall et d’une mère pied-noir nommée Oiseau-Jaune. Comme M. Duvall parlait le pied-noir, il réalisait les entrevues, puis envoyait les histoires à M. Wissler. (Wissler et Duvall, 1995 [réimpression] : vi-ix.)
La médecine d’eau des Indiens Corbeaux
Un jour, un Indien du clan des Corbeaux a appris que son fils avait été tué à la guerre. Endeuillé, il s’installa dans une loge dans les montagnes et y campa dans l’espoir de recevoir des rêves dans lesquels le pouvoir lui serait donné de venger la mort de son fils. Il a dormi dans les montagnes pendant dix nuits. Enfin, alors qu’il dormait, il a fait un rêve dans lequel il a entendu chanter et jouer du tambour. Puis un homme est apparu et a dit : « Viens par ici : il y a de la danse. » Le Corbeau a suivi cet homme. Ensemble, ils sont parvenus à une loge dans laquelle il y avait plusieurs hommes et femmes âgés. Il y avait huit hommes avec des tambours. Le Corbeau a également vu des peaux de belettes, de visons et de loutres, un sifflet, un bâton et des navets sauvages pour les cérémonies de purification et une soupe de baies dans une bouilloire. Une vieille femme portait une peau de loutre ceinte d’une lanière en peau de belette. Le Corbeau est resté là-bas, a appris les chansons que ces gens chantaient et, quand il est revenu chez lui, il a introduit la médecine d’eau des Corbeaux. Il a reçu d’autres rêves par la suite. S’y sont ajoutées les peaux de castors, du rat musqué et de toutes sortes d’oiseaux, ainsi que de nombreuses chansons pour chacune de ces peaux. Cette médecine recèle un grand pouvoir. Si quelqu’un désire obtenir un cheval, il fait appel à des spécialistes de la médecine d’eau des Corbeaux. Ensemble, ils prient, chantent et dansent. (Wissler et Duvall, 1995 [réimprimé] : 80.)
La médecine d’eau est très puissante, non seulement parce qu’elle guérit les malades, mais aussi parce que l’eau est vitale dans les Prairies. Les cérémonies comme la cérémonie de la Soif, également appelée la danse du Soleil, ont pour but d’honorer l’eau et de demander qu’elle arrive.
Dans l’extrême nord du Canada, il fait très froid pendant plusieurs mois et il est difficile de trouver suffisamment de nourriture pour survivre. Des peuples tels que les Dénés ont constaté que les personnes qui reçoivent des chansons spéciales et utilisent des tambours peuvent aider à trouver de la nourriture et unifier la communauté. Pour que cela se produise, chaque personne doit écouter attentivement les chansons, généralement accompagnées d’un ou de plusieurs tambours à cadre tenus à la main. Le pouvoir qui en résulte est décrit dans le livre Denendeh : A Dene Celebration (1984 : 13-14), préparé par la nation dénée.